Comment réduire le niveau de pauvreté chez les personnes célibataires au Canada : proposition d’un supplément canadien pour les adultes en âge de travailler
Les adultes célibataires en âge de travailler qui n’ont pas d’enfants (également appelés adultes célibataires seul-e-s) sont les plus lourdement et fréquemment frappées par la pauvreté au Canada.
En 2019, ce groupe sociodémographique comptait pour la moitié des personnes en situation d’extrême pauvreté au pays. Le principe politique archaïque reliant les mesures de soutien au revenu destinées aux adultes en âge de travailler à l’emploi est dépassé en regard de la situation actuelle du marché du travail. En conséquence, les programmes canadiens de soutien au revenu destinés aux adultes célibataires seul-e-s sont obsolètes, et n’ont pas pour priorité de suffire à leurs besoins ni d’assurer leur dignité.
Afin de résoudre ce problème, ce rapport propose d’instaurer un crédit d’impôt remboursable pour les adultes célibataires seul-e-s : le Supplément canadien pour les adultes en âge de travailler (SCAAT). Le SCAAT modifierait l’Allocation canadienne pour les travailleurs (ACT) de sorte à la majorer, et serait accessible à tous les adultes célibataires seul-e-s en situation de pauvreté, qu’ils occupent un emploi ou non. L’instauration du SCAAT mènerait à l’ajout d’une prestation plancher au montant de base versé par l’ACT, et à une hausse du montant maximum de la prestation par rapport à celui actuellement offert par l’ACT.
Ce rapport comprend une analyse de la situation actuelle au Canada sur le plan de la pauvreté; un aperçu de l’ACT; une revue de la littérature; un survol des mesures similaires dans d’autres territoires de compétence; ainsi qu’une analyse détaillée de différents modèles de SCAAT qui montre la manière dont les effets de chacun d’eux se répartissent parmi les bénéficiaires, en plus de calculer les coûts qui leur sont associés.
À l’issue de cette analyse, nous recommandons la mise en place du SCAAT selon les paramètres du modèle 4 : une prestation plancher de 3 000 $ et une prime de soutien à l’emploi de 1 000 $, pour un montant total maximum de 4 000 $ par année. Si l’ACT était transformée en SCAAT selon les modalités proposées, environ 3,1 millions d’adultes célibataires seul-e-s à travers le Canada y seraient admissibles, dont approximativement un million de nouveaux bénéficiaires en situation d’extrême pauvreté.
Le Supplément canadien pour les adultes en âge de travailler ne permettrait pas seulement de renforcer l’actuel filet de sécurité sociale du Canada, mais également de promouvoir l’idée selon laquelle les adultes célibataires en âge de travailler sont admissibles aux mesures de soutien du revenu, non pas parce qu’ils le méritent à titre de travailleuses ou de travailleurs, mais bien parce qu’ils en ont besoin à titre de personnes. Le SCAAT doit être instauré et mis en œuvre sans tarder.